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Exercice d'application


La recherche de soi

  • Exercice type bac

    Après avoir lu le texte, répondre à la question qui suit.

     

    La sœur Sainte-Sophie vit dans un couvent depuis deux ans, parce qu’elle « aime Dieu, la mère abbesse, le silence ». Un jeune homme, Julien, vient admirer un tableau dans la chapelle du couvent. C’est le coup de foudre mais, au nom de sa foi, Sophie décide de renoncer à Julien.

    10 décembre.

    Mon chéri, voilà plus de trois semaines que je suis malade. On ne me donne pas vos lettres, et si je vous écrivais, on ne vous ferait pas parvenir les miennes.

    Je n’ai plus de force, je voudrais beaucoup mourir. Par moments, je vous vois comme si vous étiez très loin, je n’entends presque plus votre voix, et à d’autres instants votre image emplit et déchire mon cœur resserré. Je ne sais si je redoute ou si je souhaite que vous vous effaciez en moi.

    Tout ce qu’on peut souffrir, je l’ai souffert : j’ai pensé m’éteindre de violence et de colère, et maintenant je souffre d’une douce et terrible sentimentalité ; ce sentiment fait plus mal que les autres ; je pense à vous avec une tendresse qui me tue.

    Je suis là, couchée, près de la sœur Marthe qui brode. Je vois par la fenêtre un ciel d’hiver très bleu.

    Si je n’avais connu que votre passion et la mienne, je pourrais, aujourd’hui où je suis si malade, oublier, mais j’ai connu, mon chéri, votre bonté.

    J’ai connu votre bonté pour moi auprès de laquelle l’affection de la supérieure est pauvre et blessante, la sympathie de mes sœurs misérable.

    Vous m’avez tant donné, dans des moments de douceur sans limite, que l’attention moindre de toutes les autres âmes ne peut plus que m’offenser. La pureté, l’amitié infinie, c’est nous qui les avons goûtées, dans les instants où, sans secret, sans défiance, nous fûmes vraiment des âmes mêlées, des regards pareils.

    Que les amies parfaites aient entre elles besoin de précautions et d’égards, que les frères et les parents se respectent et craignent de s’offenser, mais nous, quels soins eussions-nous pu prendre d’une âme qui nous était commune ?

    Je me souviens que vous sembliez oppressé la nuit où vous m’avez quittée.

    Hélas ! je n’ai pas suivi votre douleur. Comment étiez-vous quand vous êtes rentré dans votre chambre, quand vos bras pendaient le long de votre corps, quand vous vous êtes assis avec stupeur, car les hommes, n’est-ce pas, sont étonnés de souffrir ? Mon chéri, cette sentimentalité dont la douceur fait mal, je ne puis l’écarter de moi, elle pèse sur mon cœur et m’étouffe, comme ces beaux chats chauds et fourrés qui s’endorment la nuit sur la poitrine des petits enfants.

    Anna DE NOAILLES, Le visage émerveillé, 1904

     

    Question d'interprétation littéraire

    Peut-on dire que le personnage de Sophie est dominé par sa sensibilité ?

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