Quatrième > Français > Dire l'amour > Conseils pour écrire sur l'amour
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Souvent les rencontres amoureuses sont narrées dans des romans et nouvelles, parfois aussi dans des poésies. Dans tous les cas, on appelle cela avec le nom italien innamoramento, ou le fait de tomber amoureux. Amor veut dire « amour » en italien. C’est un terme très utilisé en italien et dans la littérature antique.
Il y a des éléments qu’on retrouve dans toutes les scènes de rencontres amoureuses, qu’on appelle parfois aussi des scènes de première vue. Il y a toujours une première rencontre avec les mêmes caractéristiques.
Il y a toujours le champ lexical du regard, car souvent cette première rencontre se fait par la vue. Le regard est le premier élément important de la rencontre amoureuse. Si bien qu’un critique littéraire qui a étudié beaucoup de scènes de rencontres amoureuses, a intitulé son livre Leurs yeux se rencontrèrent, car c’est la phrase typique de la rencontre amoureuse au moment de l’échange des regards. On peut commencer à écrire à partir de ce qu’on appelle ce topos ou ce lieu commun.
En lien avec cette idée des yeux qui se rencontrent, on trouve déjà dans la littérature antique, la métaphore des flèches de Cupidon. Cupidon est un petit ange souvent avec Vénus, déesse de l’amour, qui a un arc et des flèches et qui tire sur des gens un peu au hasard. Les deux personnes atteintes par les flèches vont tomber amoureuses l’une de l’autre. Il a parfois d’ailleurs les yeux bandés. C’est une manière de dire que l’amour est aveugle, et que, d’une part, quand on est amoureux on se rend compte de rien et que, d’autre part, parfois les gens tombent amoureux l’un de l’autre par hasard. Cette métaphore est utile, éventuellement, si l’on veut introduire des comparaisons, des métaphores pour expliquer le caractère hasardeux du fait de tomber amoureux. On peut aussi comparer les regards qui s’échangent à des flèches qui atteindrait le cœur de l’un et de l’autre des amoureux.
Finalement, par rapport à ce champ lexical du regard, on est amené à développer un portrait physique des amoureux, parce qu’ils se regardent et se voient, ils s’observent. Ils vont sans doute trouver agréable un trait du visage ou du corps de l’autre, et c’est là-dessus que va d’abord porter l’éblouissement amoureux : on va donc développer le portrait physique de l’un et de l’autre, ou de l’un seul, si jamais on axe davantage sur la beauté de la femme ou sur celle de l’homme.
On peut adopter un registre lyrique pour exprimer des sentiments. Ce seront des sentiments plutôt positifs puisque c’est un bien-être amoureux qui arrive. Mais il ne faut pas non plus sous-estimer la dimension désagréable ou un peu inquiétante du fait de tomber amoureux, parce que on peut aussi avoir des frissons, des tremblements, une paralysie de peur ou de crainte.
On peut également développer un vocabulaire des sensations un peu moins positif, qui associe le plaisir, la joie, le bien-être avec la crainte, la retenue, la paralysie. En général, dans les textes littéraires, l’amour est aussi le sentiment qui fait éprouver tout et son contraire, le mieux et le pire.
On peut y ajouter le champ lexical de l’étonnement, parce que dans la première rencontre amoureuse il y a une dimension de surprise. Dans certains textes, par exemple, dans L’éducation sentimentale de Flaubert, les deux personnages principaux se rencontrent dans une scène très marquante et l’une des phrases les plus connues est « ce fut comme une apparition ». Le personnage masculin, Frédéric, en tombant amoureux de la femme qu’il voit pour la première fois, dit que c’est comme une apparition pour lui, comme si c’était quelque chose de miraculeux. On est dans l’idée de merveilles, de miracles, d’une apparition surnaturelle, un peu comme une fée dans les histoires de chevalerie, qui donne lieu à un éloge, pour faire un portrait positif. Tout est positif chez l’être aimé. Ce qui est négatif, c’est la sensation de crainte qu’on a personnellement. Donc on est étonné, on est émerveillé, et puis on se livre à des éloges de l’autre.
L’étonnement a aussi une dimension de stupeur et de paralysie, parce que dans le sens originel du mot, l’étonnement est le fait d’être frappé par le tonnerre, par la foudre, donc on est paralysé et on ne sait plus comment réagir.
Telle que les critiques l’ont étudiée, on a toujours cette dimension de distance : ce sont les yeux qui se rencontrent et qui se touchent à distance avant les corps. Cette distance va diminuer car il faut tut de même qu’il y ait un échange entre les deux pour qu’il puisse y avoir ensuite une histoire d’amour qui continue.
Bien sûr, certains textes vont décrire l’innamoramento comme quelque chose qui est voué à la déception. On pourrait avoir un poème, comme celui de Baudelaire « A une passante », où on tombe amoureux d’une passante. Finalement, elle est passée et il n’y a pas d’histoire. Ou justement, dans L’éducation sentimentale, Frédéric, qui tombe amoureux de Madame Arnoux, va met beaucoup de temps à la retrouver, et finalement ils ne vont jamais vraiment pouvoir vivre leur histoire d’amour.
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