Le ministère de l'Education nationale a publié début août un décret précisant les probables modalités de la rentrée de septembre 2020. Les Bons Profs vous proposent de décrypter ce document.
Que retenir de ce décret ?
Ce texte prévoit un assouplissement très net des consignes sanitaires qui avaient été imposées en juin dans les écoles. L’objectif semble très simple : tous les élèves doivent revenir en classe à la rentrée.
Pour cela, les règles de distanciations physiques ne sont plus obligatoires si elles empêchent la totalité des élèves de se rendre en classe. Dans le même esprit, le croisement des groupes d’élèves ne doit plus être un frein au retour en classe.
Il en va de même pour tous les espaces clos ou ouverts des établissements scolaires (CDI, cours de récréation, cantine, etc)
Seule demeure l’obligation des élèves de plus de 11 ans de porter des masques “lorsque la distanciation d’un mètre ne peut être garantie et qu’ils sont placés face à face ou côte à côte “, c’est à dire presque tout le temps en classe.
Pour leur part, tous les enseignants sauf ceux de maternelle devront porter leurs masques si la distance minimale de 1m ne peut pas être respectée.
Le grand retour de la classe
Le dispositif mis en place à la rentrée renonce totalement au télétravail. Après avoir vanté l’implication, la créativité des professeurs et les taux de satisfaction des familles, le ministère semble écarter l’option que des élèves fassent à nouveau classe à la maison.
La classe virtuelle a déçu
Cette décision nous semble positive pour des raisons d'équité. Le télétravail s’est développé dans une forte improvisation sans que les professeurs aient pu se former. Résultat : de nombreux élèves ont décroché ou suivi peu de cours. Seuls les élèves autonomes et motivés ont pu poursuivre correctement leurs apprentissages.
Chez Les Bons profs, nous travaillons depuis 9 ans pour développer des outils de travail à distance et nous savons que ces compétences ne s’improvisent pas.
Aucune formation du ministère n’ayant été proposée aux enseignants cet été, nous craignons de constater les mêmes effets si la classe virtuelle devait reprendre du service. Il nous paraît donc sage de ne pas la proposer en l’état à tous les établissements scolaires ou universitaires.
Une décision de bon sens pédagogique
Cette décision vient aussi rappeler une valeur très forte que nous partageons : l’éducation repose sur un lien entre un élève et un professeur et ne peut être satisfaisante lorsqu’elle est dispensée uniquement à distance.
En rendant toute sa place à la présence de l’élève au côté de son professeur, cette décision devrait rassurer ceux qui pensent que les professeurs sont amenés un jour à disparaître au profit de cours à distance.
Des structures de soutien scolaire en ligne telles que la nôtre auront une place importante à l’avenir mais elles viendront toujours en complément du travail fait en classe. Nous aurons au moins appris cela du confinement.
Un risque sanitaire important
Ce décret pose toutefois de sérieuses questions à l’heure où les clusters se multiplient dans toutes nos régions et où on reproche aux plus jeunes l’insouciance de leurs regroupements estivaux. Pour l’instant, nos enfants se côtoient lors de festivals, de fêtes sur les plages, de terrasses de café ou dans les piscines et déjà le virus reprend du terrain. Que se passera t-il lorsqu’on convoquera des millions d’élèves dans des espaces nettement plus confinés ? Il nous parait difficile d'imaginer cette situation sereinement
Nous craignons que le ministère ait rédigé ce document fin juin (il est d'ailleurs daté du 9 juillet) à l'époque où la menace virale semblait se dissisper. De ce fait, il nous paraîtrait aujourd'hui plus rassurant qu'existe une deuxième option qui répartirait le travail entre la classe et la maison (au moins pour les collégiens et lycéens). Le ministère pourrait alors valider la semaine précédent la rentrée le scénario le plus adapté. On peut quoi qu'il en soit imaginer raisonnablement que les choses évoluent d'ici septembre.
Une formation en urgence pour tous les professeurs
Dans l’hypothèse d’une seconde vague et d’un retour à la classe virtuelle, nous invitons aussi le ministère à organiser dès la rentrée des formations obligatoires à tous les enseignants pour que chacun puisse apprendre à utiliser correctement au moins un outil de classe virtuelle. Les enseignants qui ne se sentaient pas compétents au mois de juin n'auraient en effet aucune raison de l'e devenir soudaiment en septembre.
Il serait naturel que nous puissions proposer une offre éducative mixte à nos élèves qui ont eu à subir le confinement et qui s'apprentent à affronter une bien singulière rentrée.
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