Le travail à la maison occupe une grande place dans les apprentissages scolaires en France. Certains élèves s’en plaignent et les parents, habitués aux devoirs le valorisent tout en reconnaissant des difficultés d’organisation ou de tensions familiales.
Mon propos n’est pas de vouloir supprimer ce temps de travail mais d’interroger sur la fonction de ces activités extra-scolaires et de réfléchir à les rendre les plus efficaces possibles.
On peut en effet légitimement se demander pourquoi les 26 heures hebdomadaires (au minimum) de cours auxquelles assistent nos enfants ne sont pas suffisantes pour apprendre. C’est d’ailleurs sans doute dans cet esprit que les devoirs écrits après la classe ont été interdits en primaire depuis quelques années.
Un élève : “En classe j’écoute et j’apprends à la maison”
Je suis enseignant en mathématiques et il semble y avoir un postulat chez de nombreux élèves qui envisagent le cours comme un moment de découverte d’une notion mais très peu comme un moment d’apprentissage et de mémorisation.
De ce fait, l’élève peut parfois diminuer ses efforts en classe en étant plus ou moins attentif à une leçon et en projetant de l’apprendre plus tard, lors de ses devoirs, ce qui augmente le temps de travail. Ce fonctionnement ne me semble pas performant et il me paraît fondamental de rappeler à un élève qu’il doit sortir de chaque cours avec des notions découvertes et des notions apprises.
“Qu’as-tu appris aujourd’hui ?”
Je demande très régulièrement à mes élèves 5 minutes avant la fin d’un cours ce qu’ils ont appris. S’ils arrivent à les formuler, les réponses sont souvent orientées autour de qu’ils ont compris ou découvert mais moins sur ce qu’ils ont mémorisé (définitions, propriétés, formules)
Par exemple, un élève qui découvre Pythagore pourra retenir que ce théorème permet de calculer une longueur dans un triangle rectangle mais il n’est pas certain qu’il se préoccupera d’apprendre la formule pendant la classe.
La classe, c’est comprendre, interagir, réfléchir et apprendre
Pour pallier ces mauvaises habitudes, je donne souvent à mes élèves quelques minutes pendant la classe pour qu’ils apprennent ce qui a été abordé. J’utilise souvent l’expression “tu dois repartir avec Pythagore” en sous-entendant que le début de l’apprentissage par coeur de la formule se fait dès la première heure. Une évaluation en fin d’heure sur la notion abordée est aussi très efficace.
Naturellement, je leur conseille de revoir ces notions après la classe les jours suivants à intervalles espacés pour consolider la mémorisation. Il peuvent alors choisir de réviser leurs propres cours ou de varier les supports en visionnant par exemple des vidéos des Bons Profs.
Si le travail a bien été fait durant le temps scolaire, l’élève révise après l’école au lieu d’apprendre et gagne un temps précieux pour réaliser d’autres tâches qu’il ne peut pas faire en classe (recherches, lectures, rédactions, entrainements, etc).
Des efforts récompensés et du temps gagné
Décider d’apprendre pendant la classe demande des efforts, des méthodes et une discipline importante. J’ai toutefois la certitude qu’en procédant ainsi les élèves mémorisent mieux et plus durablement tout en gagnant un temps précieux.
Sensibiliser les professeurs et les élèves à cette question me semble donc un vrai moyen d’améliorer la réussite scolaire.
Voici quelques conseils pour les familles
Pour les élèves : si votre professeur ne le fait pas, demandez-vous quelques minutes avant la fin du cours ce que vous avez appris. Si rien ne vous vient à l’esprit, ce n’est pas très bon signe : il reste dans ce cas un peu de temps pour relire l’essentiel et mémoriser au moins une notion importante.
Pour les parents : sensibilisez votre enfant à la nécessité d’apprendre pendant la classe. Expliquez-lui qu’il gagnera ainsi du temps lors de ses devoirs (cet argument devrait être très bien accueilli) et n’hésitez-pas à le questionner sur ce qu’il a appris dès son retour de classe pour qu’il mesure ce qui lui est resté de sa journée. S'il a besoin d'aide et de contenus pour approfondir, nous pouvons l'accompagner de la 6e à la terminale.
Bertrand Galliot
Professeur de mathématiques et directeur pédagogique de Les Bons Profs
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