Le travail est un pilier fondamental de notre société. Il permet de nous intégrer en société, économiquement et socialement. Le travail est aussi vecteur de cohésion sociale. Dans quelle mesure les mutations du travail et de l’emploi peuvent remettre en cause la capacité intégratrice du travail au sein de notre société ?
I. Le travail garantit une intégration en société
A. Dimension économique
En travaillant, on perçoit un salaire. On peut acheter un certain nombre de biens et services et participer à la société de consommation de masse. On peut également être protégé en payant des cotisations. On est rattaché à la protection sociale et en cas de risque social, on peut perçevoir des prestations financières afin de nous aider. L’intégration économique peut ainsi être réalisée en travaillant.
B. Dimension sociale
En travaillant, on tisse des liens sociaux avec ses collègues et on développe tout un réseau social professionnel nous permettant de saisir des opportunités pour évoluer. On peut aussi noter la complémentarité du travailleur vis-à-vis des autres. Telle est la thèse d’Émile Durkheim, le fondateur de la sociologie en France, qui voit dans le travail le principal vecteur de la cohésion sociale.
C. Dimension psychologique
Il y a une dimension plus individuelle d’ordre psychologique. En travaillant, on développe un sentiment d’utilité. On peut également être épanoui. On peut aussi ressentir un sentiment d’appartenance à un corps de métier, par exemple, appartenir à la classe ouvrière ou au corps des cadres, des cols blancs.
II. Les mutations récentes du travail et de l’emploi limitent sa capacité intégratrice
A. Les effets de la précarisation de l’emploi
Il y a un processus de précarisation de l’emploi, c’est-à-dire le développement de nouveaux contrats de travail dit atypiques, comme les contrats à durée déterminée (CDD), des contrats plus courts, mais aussi le travail intérimaire ou les stagiaires avec lesquels l’intégration sociale est plus incertaine. On a plus de mal à se projeter dans l’avenir. On a, en général, des salaires moins élevés et donc moins d’intégration économique. Cela peut également provoquer du stress de peur de perdre son emploi. Enfin, si on reste moins de temps au sein d’une administration ou d’une entreprise, les liens sociaux que l’on va avec les collègues seront probablement moins nombreux.
B. L’impact du chômage
On peut aussi analyser le développement du chômage de masse intervenu dès la fin des années 1970 en France. Si une personne reste durablement au chômage, l’appauvrissement s’accroît. L’individu peut également tisser moins de liens sociaux avec sa famille, des études sociologiques le montrent. Cette situation très précaire peut faire entrer l’individu dans un processus de marginalisation sociale et celui-ci peut se replier sur lui-même. Enfin, dans une société où on valorise beaucoup le travail, il y a un sentiment d’inutilité qui se développe et le statut du chômeur peut devenir stigmatisant.