Il est ici question de la mobilité intergénérationnelle : on s’intéresse à la position sociale du fils ou de la fille par rapport à celle de son père. La position sociale est en rapport avec les professions et catégories socioprofessionnelles (PCS).
I. Les différentes tables de mobilité sociale
- La table de destinée s’intéresse au devenir d’une personne en comparant la PCS des pères à celle du fils ou de la fille. On s’intéresse à la question : « que sont devenus les fils de… ? » Par exemple, 7 % des filles d’agriculteurs exploitants sont devenues employées.
- La table de recrutement interroge le milieu d’appartenance d’une personne en la comparant avec la PCS de leur père. Cela revient à poser la question suivante : « d’où venait telle personne ? ». Par exemple, 24 % des ouvrières avaient un père artisan, commerçant ou chef d’entreprise.
II. Les différentes interprétations
A. La reproduction sociale
Il y a reproduction sociale ou immobilité sociale lorsque la PCS du père est équivalente à la PCS de leur fils ou de leur fille.
B. La mobilité sociale
Il y a également de la mobilité sociale lorsque les individus ont une PCS différente de celle de leur père. Si on estime que la PCS de l’individu est une amélioration par rapport à la position sociale de son père, on parle de mobilité ascendante. A l’inverse lorsqu’on considère que la position sociale d’un individu se détériore par rapport à celle de son père, on parle de mobilité descendante ou de déclassement.
C. La mobilité sociale de proximité
Il y a aussi une mobilité sociale dite de proximité. Par exemple, une employée qui a pour père un ouvrier : employé et ouvrier ne sont pas dans la même PCS, on peut dire que c’est de la mobilité sociale mais il est compliqué de la définir comme ascendante ou descendante dans la mesure où on sait que les employés et les ouvriers sont situés au même niveau de la hiérarchie sociale, ont le même mode de vie, etc.
III. L’interprétation de tables de mobilité de 2015
A. La table de destinée
1. Lectures diverses
Si les 100 % renvoient au père, c’est une table de destinée : par exemple sur 100 % d’agriculteurs pères, que sont devenus leurs fils ? 25 % des fils d’agriculteurs exploitants sont eux-mêmes devenus agriculteurs, 8 % sont devenus artisans, commerçants ou chefs d’entreprise, etc.
Autre lecture : 7,9 % des fils dont le père exerçait une profession intermédiaire sont devenus artisans, commerçants ou chefs d’entreprise. On peut considérer que c’est une mobilité sociale ascendante car on peut considérer que le statut d’indépendant est plus prestigieux.
10 % des fils de cadres ou d’un père avec une profession intellectuelle supérieure sont devenus ouvriers. Dans ce cas, on peut parler d’une mobilité sociale descendante ou d’un déclassement.
Enfin, 9,4 % des fils d’ouvriers sont devenus cadres ou occupaient une profession intellectuelle supérieure. Dans ce cas, on parle de mobilité sociale ascendante.
2. Diagonale
Il est intéressant de s’intéresser aux données situées au niveau de la diagonale des tables de mobilité sociale. Plus ces chiffres sont élevés, plus la reproduction sociale est forte puisqu’en diagonale, on met en relation la PCS du fils et celle du père : ce sont des PCS identiques.
La reproduction sociale est la plus forte chez les cadres, puisque 47,6 % des fils de cadres sont devenus cadres. 47 % des fils d’ouvriers sont devenus ouvriers. C’est chez les employés que la reproduction sociale est devenue la moins forte : seulement 16,6 % des fils d’employés sont devenus employés.
B. La table de recrutement
1. Lectures diverses
De même, on cherche à qui renvoie le 100 % : il s’agit ici des filles. Par exemple, chez les employées, 8 % avaient comme père un agriculteur exploitant. 12 % des employées avaient comme père un artisan, un commerçant ou un chef d’entreprise.
48,3 % des employées avaient comme père un ouvrier. On peut parler d’une mobilité sociale dite de proximité.
18,6 % des filles qui occupent des professions intermédiaires avaient un père cadre ou d’une profession intellectuelle supérieure. Dans ce cas, on peut parler de mobilité sociale descendante ou de déclassement.
Seulement 15,3 % des femmes cadres ou qui occupent une profession intellectuelle supérieure ont un père ouvrier. On parle de mobilité sociale ascendante.
2. Diagonale
On observe que c’est chez les agricultrices et les ouvrières que la reproduction sociale est la plus forte. A l’inverse, c’est chez les employées que la reproduction sociale est la moins forte.